violances encore et toujours

Violences conjugales : une femme meurt tous les quatre jours
Lors d'une manifestation contre les violences conjugales, en février 2003 à Toulouse.

[08 février 2006]

Les violences contre les femmes en France sont « une affaire d'Etat », estime Amnesty International, dénonçant dans un rapport paru mercredi « un des plus grands scandales en matière de droits humains ». L’organisation critique « la réponse des autorités à ces violences ».
« Un des plus grands scandales en matière de droits humains » : c’est ainsi qu’Amnesty International juge les violences conjugales en France. Dans un rapport rendu public mercredi, l’association cite des chiffres « accablants » : près d’une femme sur dix est victime de violences en France et une femme sur quatre meurt tous les quatre jours, selon une enquête réalisée en 2003.

« Timidité » de la justice, « mauvaise connaissance des droits des victimes », « absence d’une véritable prévention » et absence de « formation adéquate de policiers, magistrats, travailleurs sociaux ou médecins », le constat est sévère.

Une affaire d’Etat

« Considérées par beaucoup comme une affaire privée qui ne relève que de l'intime, les violences faites aux femmes sont pour Amnesty une affaire d'Etat », écrit l'organisation, qui dénonce « une société alimentée par un système culturel, social, économique, discriminatoire ».

Le rapport fait un état des lieux « non pas de la violence elle-même » - au sein du couple, physique ou psychologique, traite des femmes pour la prostitution, mutilations sexuelles et mariages forcés - « mais de la réponse des autorités à ces violences ». « Toutes ces violences ont pour point commun d'être fondées sur une discrimination de genre (...) Cette violence spécifique s'exerce sur les femmes avant tout parce qu'elles sont femmes», explique ainsi la présidente d'Amnesty France Geneviève Sevrin.

L’organisation insiste sur « l'enfer » des victimes de violences intraconjugales, qui, après avoir osé « briser le silence », font l'objet de « représailles économiques » de leur conjoint. Ces femmes « ne doivent plus se trouver face à l'incompréhension et à l'indifférence ».

Sanctionner les auteurs de violences

Tout en déplorant « l'insuffisance » des capacités d'hébergement des victimes dans des « lieux sécurisés », Amnesty souligne la nécessité de sanctionner les auteurs de violences. Début février, Amnesty a demandé au Premier ministre Dominique de Villepin d'adopter « une politique ambitieuse en la matière », rappelant que le « droit international oblige les Etats à sanctionner les auteurs mais aussi à agir pour prévenir ces violences et garantir une réparation adéquate pour les victimes ».

L'organisation réclame « un traitement judiciaire des victimes ainsi qu'un accompagnement social efficace », une « coordination et une politique volontariste » ainsi qu'une « sensibilisation et une vraie campagne d'information soutenue par l'Etat ».

Le monde musulman se ligue contre Copenhague Danemark Après le boycott des produits danois, les ambassadeurs de plusieurs pays arabes ont été rappelés.
Stéphane Kovacs (avec AFP, Reuters)
[02 février 2006]

TOUT EN en renforçant les mesures de sécurité sur son territoire, le Danemark intensifiait hier ses efforts diplomatiques pour trouver une issue à la «crise des caricatures». Sans parvenir toutefois à apaiser le monde musulman, outré par la publication d'une série de dessins de Mahomet dans un grand quotidien du pays, alors que l'islam interdit toute représentation du prophète.

«Nous faisons face à des forces incontrôlables. Cela demandera des efforts énormes pour calmer la situation», a reconnu le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, qui multiplie les déclarations depuis trois jours. «Notre offensive est à la fois diplomatique, politique et médiatique», a renchéri un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Mais dans le monde musulman, les manifestations de colère se poursuivent. Riyad, Tripoli puis Damas, hier, ont rappelé leurs ambassadeurs à Copenhague. Dans la matinée, l'ambassade du Danemark en Syrie avait reçu une fausse alerte à la bombe. Après les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, qui boycottent pour la plupart les produits danois, les protestations gagnaient hier l'Asie, avec l'Indonésie et la Malaisie. Mardi à Tunis, les ministres de l'Intérieur des pays arabes ont demandé au gouvernement danois de «sanctionner fermement» les auteurs des caricatures.

Menaces terroristes

Dans la bande de Gaza, des militants extrémistes palestiniens ont brûlé une photo de Rasmussen, désormais présenté comme un ennemi du monde arabe aux côtés du président américain George Bush. Plusieurs ressortissants danois ont été menacés de mort. En Irak, une fatwa aurait été émise contre les quelque 500 soldats du royaume scandinave. Au Maroc, quatre associations islamistes ont appelé à une manifestation demain.

A Copenhague, la police a assuré hier être prête à faire face à d'éventuels débordements. «Nous avons connaissance qu'il circule, notamment sur l'Internet, des avis de manifestation de plusieurs groupes, a déclaré la police. Nous sommes bien conscients du risque d'escalade.» Selon l'agence de presse Ritzau, des jeunes d'extrême droite pourraient brûler des Corans afin de marquer leur «distance avec l'islam». La manifestation pourrait avoir lieu samedi.

La police redoute également des attentats. Avant même la publication des dessins satiriques, le Danemark, à cause de son engagement en Irak aux côtés des Américains, a fait l'objet de menaces terroristes. Le quotidien danois Jyllands-Posten, qui avait publié le 30 septembre les douze caricatures de Mahomet, a dû évacuer ses locaux mardi soir à Aarhus, au nord du pays, et à Copenhague, en raison de fausses alertes à la bombe.

Par solidarité avec Jyllands-Posten, plusieurs journaux européens, dont France-Soir, ont aussi publié ces dessins hier. Le grand quotidien italien Il Corriere della Sera les a assortis d'une longue chronique de Magdi Allam, éditorialiste musulman, qui juge les caricatures «certainement discutables», mais n'en défend pas moins la liberté d'expression. «Qu'attend l'Occident pour intervenir ? Adoptera-t-il la politique de l'autruche jusqu'à ce qu'un autre Theo van Gogh (NDLR : ce cinéaste néerlandais assassiné en 2004 par un islamiste) soit assassiné à Copenhague ?», demande-t-il.

Mais pour la presse arabo-musulmane, il s'agit d'un «comportement irresponsable». «Le plus troublant dans cette affaire, dénonce ainsi le journal tunisien Le Quotidien, c'est que les pays européens ont pris fait et cause pour le Danemark (...) au nom de la liberté d'expression. Comme si cette même Europe ne s'était pas levée comme un seul homme chaque fois qu'un symbole religieux, juif notamment, était pris pour cible.»

oué c'est chaud qunad meme!!!